Un Canadair en version suisse, créé avec l’aide du programme Dalle de OpenAI. © DR

La prochaine session parlementaire discutera une série de motions liées à l’aviation, dont le projet d’acquisition d’un Canadair pour renforcer la lutte contre les incendies en Suisse. Alors que l’été se profile en Europe, le sujet a prouvé son actualité brûlante avec les dramatiques incendies urbains de début d’année aux Etats-Unis. 

Alors que les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et les incendies de forêt plus intenses, la Suisse se penche sérieusement sur ses capacités d’intervention pour faire face à ces menaces. 

En décembre 2023, le conseiller national Pierre-Alain Fridez a déposé une motion intitulée «Acquisition d’un avion Canadair pour la lutte contre les incendies de forêt». Son objectif: trouver le soutien politique nécessaire pour doter la Confédération d’un avion spécifiquement conçu pour lutter contre les feux de grande ampleur. 

Conseiller national socialiste depuis 2011 et représentant du canton du Jura, Pierre-Alain Fridez est aussi un membre actif de la Commission de la politique de sécurité. Il s’est imposé, au fil des années, comme une voix attentive aux enjeux de défense, partisan d’une armée mieux équipée, mais surtout adaptée aux nouvelles menaces. 

Son intérêt pour les questions aéronautiques remonte à ses premiers travaux parlementaires, avec une attention particulière aux infrastructures aériennes, à l’aviation civile et à la protection du territoire – des enjeux encore centraux à la motion qui sera discutée par le parlement lors de sa prochaine session. 

Anticiper les menaces et les moyens de lutte 

Le texte de la motion souligne que, bien que les incendies forestiers restent ponctuels en Suisse, leur intensité croît, en particulier dans les régions alpines, exposées à des périodes de sécheresse prolongées. La motion insiste sur l’anticipation. Actuellement, la Suisse fait appel à l’étranger – en particulier à l’Italie ou la France – pour l’appui de moyens aériens lourds. 

Mais ces pays pourraient, eux aussi, être sollicités en interne lors de crises climatiques simultanées. Pierre-Alain Fridez plaide ainsi pour une solution suisse autonome, arguant que les coûts de location récurrents pourraient être investis dans l’achat d’un appareil de type Canadair.

En effet, l’expérience montre que le Canadair est bien plus qu’un avion: c’est un outil stratégique. Développé à l’origine au Canada pour intervenir sur les feux de forêt massifs, cet appareil amphibie peut écoper jusqu’à 6000 litres d’eau en quelques secondes sur un plan d’eau naturel, puis larguer sa charge avec une précision redoutable. 

Lutter contre le feu par les airs 

Utilisé dans de nombreux pays d’Europe, notamment en France, en Grèce, en Espagne ou en Italie, le Canadair offre un avantage tactique décisif face à des foyers de plus en plus virulents, parfois situés dans des zones escarpées difficilement accessibles aux pompiers terrestres. 

En Suisse, alors que les moyens héliportés ont montré leur efficacité, ils restent limités en volume d’eau transporté et nécessitent des temps de rotation plus longs.  

L’introduction d’un ou plusieurs avions spécialisés permettrait d’intervenir plus massivement. Rejetée par le Conseil fédéral, qui veut à ce stade se concentrer sur une meilleure coordination des moyens existants et la coopération avec la protection civile européenne, cette motion sera débattue lors de la session parlementaire du troisième trimestre.