
Vue intérieure du hall d’entrée rénové. © Genève Aéroport
L’infrastructure aéroportuaire genevoise a récemment dévoilé ses chiffres pour l’année 2024, confirmant sa bonne santé, avec notamment 17,8 millions de passagers accueillis l’année dernière (+8% par rapport à 2023). Pour faire face à ce défi d’une fréquentation en hausse, avec des usagers à accueillir dans les meilleures conditions, des projets structurants sont en cours de développement. Ils ont comme objectifs d’atteindre 0 émission nette de CO2 à l’horizon 2037, tout en renforçant l’efficacité opérationnelle.
Depuis 2017, Philippe Moraga, directeur des infrastructures de Genève Aéroport, mène un ambitieux chantier de modernisation et d’adaptation de la plateforme aéroportuaire. Fort d’une expérience préalable dans la maîtrise d’ouvrage d’infrastructures au sein de l’État, il pilote aujourd’hui une vision stratégique à long terme, traduite dans la planification directrice 2024–2034. Fin mai, l’Assemblée générale de l’association AERIA+ a eu l’honneur de l’accueillir pour une présentation exclusive de projets ambitieux et importants pour Genève, sa région et toute la Romandie.

Philippe Moraga, directeur des infrastructures de Genève Aéroport. © Genève Aéroport / Magali Girardin
Améliorer l’accessibilité de l’aéroport
L’un des grands enjeux identifiés dans cette feuille de route est l’optimisation des opérations dans un périmètre contraint. Avec un site enclavé et peu extensible, chaque mètre carré compte. Cette contrainte pousse les équipes à innover pour améliorer les flux, optimiser les ressources et préparer la plateforme aux évolutions futures du trafic aérien.
Parmi les grandes ambitions du projet CAP 2030, qui rassemble ces ambitions de Genève Aéroport pour la prochaine décennie, figurent notamment la modernisation du terminal principal (T1), construit en 1968, et la création d’une plateforme multimodale optimisée, située au-dessus de la gare CFF existante. Opérationnel dès 2030, ce pôle d’échange devra faciliter les connexions entre les différents modes de transport – trains, bus, voitures, vélos et avions -, améliorant ainsi l’accessibilité de l’aéroport pour les passagers tout autant que pour les employés. Conformément à la fiche PSIA, l’objectif est d’augmenter la part des personnes utilisant les transports publics pour atteindre 58% des passagers et 44% des employés d’ici 2030, réduisant ainsi encore plus l’empreinte carbone de l’aéroport.
Concrètement, cette partie du projet doit se traduire par une «augmentation de la capacité et du confort des transports publics, un nouvel aménagement des places de cars, navettes, Taxis + VTC, ainsi qu’une amélioration de l’espace “Kiss and Fly” et un aménagement de la piste cyclable est-ouest et de sa connexion avec la ville», précise la régie publique, qui souligne également que l’accès entre les quais CFF et le nouveau terminal sera «court et aisé».
Une extension de 40 000 mètres carrés sur le parvis côté autoroute est également prévue: celle-ci devra abriter l’enregistrement, le contrôle de sûreté et une partie de l’arrivée des bagages, avec une mise en service prévue pour 2032.
Une meilleure organisation sur le tarmac
La planification prévoit également une reconfiguration de la zone P47-49, avec notamment l’installation du catering et des intégrateurs, parfaitement positionnée entre le tarmac et les infrastructures routières avec notamment un accès direct à l’échangeur autoroutier. Cette initiative vise à moderniser la logistique tout en libérant de l’espace pour d’autres usages stratégiques.
L’amélioration du trafic au sol constitue un autre pilier de cette stratégie. Des sorties rapides depuis la piste seront aménagées sur le tarmac afin de fluidifier les mouvements des appareils, réduire les temps d’attente et améliorer l’efficacité globale des opérations.
Parallèlement, la transformation des satellites destinés aux passagers permettra d’accueillir des avions avec plus de capacité. L’évolution prévue devrait permettre d’augmenter la capacité des salles d’embarquements afin de répondre aux besoins de l’emport croissants des avions. Cet élément permettra d’accroître le nombre de passagers par vol, levier crucial pour absorber la croissance sans multiplier les mouvements aériens.

Vue aérienne du projet. © Genève Aéroport
Agrandir la zone commerciale
Le projet CAP 2030 porte également une attention particulière aux surfaces commerciales, actuellement jugées «à l’étroit dans un espace limité», par l’infrastructure aéroportuaire, qui pointe que «le niveau de rentabilité de ces surfaces (commerces, restaurants, services), qui représentent une part importante des revenus de Genève Aéroport, ne pourra être maintenu sans procéder à un agrandissement de ces zones». L’augmentation de surface sera d’environ 40%, pour atteindre ainsi 11 000 mètres carrés, avec une offre diversifiée de restauration et de commerces.
Dans une démarche de durabilité
Inscrit dans une démarche de durabilité, le projet CAP 2030 intègre le réseau thermique GeniLac pour le chauffage et la climatisation des bâtiments à partir de l’eau du Léman. Cette initiative permettra à l’aéroport de réduire significativement sa consommation d’énergie fossile et ses émissions de CO₂. Par ailleurs, la conception du nouveau terminal vise l’obtention du label de construction durable DGNB niveau or, reflétant l’engagement de Genève Aéroport en faveur de l’environnement.
Notons enfin que ce projet CAP 2030 doit être mené sans impact sur la continuité des opérations de l’aéroport, une «caractéristique exceptionnelle» qui implique son lot de défis durant ce chantier d’envergure. Les travaux seront menés en deux temps: une première phase à l’horizon 2030, puis une seconde avec livraison en 2040. Ce phasage vise à moderniser en profondeur la plateforme sans réduire ses capacités actuelles.

Vue du hall des départs depuis le parvis. © Genève Aéroport