
© Destinus
Le secteur aérien est l’une des rares industries à avoir proposé un plan clair et net pour atteindre une activité 100% décarbonée d’ici 2050. Ce plan, largement basé sur des innovations technologiques, peut aussi positionner la Suisse au cœur de cette révolution en cours dans l’aviation.
En 2024, le Conseil fédéral a confirmé sa vision pour que le pays puisse atteindre une aviation 100% décarbonée d’ici 2050, en se basant sur le projet «Net Zero» porté par l’association internationale IATA qui réunit tous les acteurs du secteur aérien au niveau mondial.
Sur le court terme, dans les dix prochaines années, le projet de transition du Conseil fédéral repose sur le carburant durable et les gains d’efficacité des appareils plutôt que sur des technologies encore en cours d’implémentation, comme les avions électriques ou à l’hydrogène. Dans une moindre mesure, la compensation de CO2, voire sa capture, pourrait faciliter la réussite de ces objectifs. Actuellement, le transport aérien contribue à l’attractivité de notre place économique et génère une valeur ajoutée totale de près de 24 milliards par année.
Pour l’avenir, le Conseil fédéral mise sur l’innovation et indique que «les nouvelles technologies peuvent permettre au transport aérien d’éviter dans une large mesure de rejeter des émissions de CO2 fossile à l’horizon 2050».
Des entreprises innovantes
Dans ces domaines en pleine croissance, la Suisse peut prendre une position centrale, en bénéficiant, en matière de nouvelles technologies, de l’excellence reconnue de son tissu académique et professionnel ou de ses «early adopters», comme l’aviation d’affaires très présente en Suisse.
En reprenant les différentes étapes prévues par l’industrie et validées par le Conseil fédéral, on peut déjà citer plusieurs entreprises suisses qui s’emploient quotidiennement à donner les moyens techniques au secteur pour atteindre le «Net Zero».
Du côté des carburants durables (CAD), aussi appelé SAF (Sustainable Aviation Fuel), des entreprises comme Synhelion, basée à Lugano ou la zurichoise Metafuels visent à trouver de nouvelles méthodes de productions de ces carburants, pour permettre – à moyen terme – de fournir la demande locale directement depuis notre pays.
Du côté des motorisations innovantes, la Suisse, et plus particulièrement la Romandie, ne sont pas en reste. Installée à l’aéropôle de Payerne, la start-up Destinus prévoit ses vols d’essai l’année prochaine. Elle annonce un avion long-courrier motorisé à l’hydrogène pour 2030 – tout en travaillant sur chacun de ses composants (moteurs, énergies, turbines) – qui sera proposé autant pour le civil que pour des applications militaires.
Pour ce qui est de la motorisation électrique, le constructeur H55, basé à Sion, produit déjà des avions utilisés quotidiennement, qui complètent un paysage mondial déjà dense en innovations. Conduit par André Borschberg, à la fois cofondateur et PDG, le projet est un «spin off» de Solar Impulse, qui avait fait rêver le monde entier dès 2003.
Un soutien bien réel
Pour ces innovations suisses, il est réjouissant de constater que le soutien des autorités est bien réel. L’importance de ces nouvelles technologies pour la Confédération était déjà consacrée dans la Loi sur l’Aviation actuelle, dans l’article 103b, réaffirmée en 2016 dans le rapport LUPO (2016). Les autorités y prévoient que ces innovations suisses «jouent les premiers rôles au niveau international […] créent des emplois qualifiés et possèdent un gros potentiel économique» et qu’il est de «l’intérêt de la Confédération de développer plus avant ce potentiel».
Pour le futur de l’aviation verte, pour favoriser le déploiement à grande échelle des nouvelles technologies et atteindre les objectifs d’une aviation «Net Zero», la Suisse a vraiment une carte à jouer.