AVISTRAT – Un besoin de mobilité démontré
Actualité
8 Oct, 2024

Pour lire la première partie de ce dossier AVISTRAT – L’avenir se décide aujourd’hui, cliquez ici.

L’aviation d’affaires, c’est justement le secteur qui a connu un développement fulgurant dans la plateforme broyarde durant la dernière décade. «Avec des vols directs au départ de Payerne, il est possible d’atteindre 480 villes, 69 pays, sur 4 continents», explique Samuel Werner de l’entreprise SpeedWings qui a développé les services d’aviation d’affaires du terminal depuis 2016. En effet, alors que le règlement d’exploitation ouvrant la voie au vol civil date de 2013, le progrès a été immense entre les 24 vols de 2014 et les 1803 vols de 2023. 

La richesse de cette offre «démontre le besoin de mobilité», explique le dirigeant, qui souligne que «75% de ces destinations ne sont pas proposées par les vols de ligne au départ de Genève». Samuel Werner donne l’exemple d’une «entreprise de la région qui doit se rendre à Francfort avec plusieurs collaborateurs, et qui a le choix entre 6 heures de voiture, plusieurs escales d’avions de ligne ou moins d’une heure en jet».  

Si les avantages de l’aviation d’affaires sont clairs et se renforcent dans un contexte d’attente toujours plus longue dans les aéroports commerciaux, Samuel Werner constate que «Payerne répond à une vraie demande, et donc que le règlement doit mieux considérer les besoins des usagers et lever les contraintes contre-productives autant du point de vue économique qu’environnemental». Parmi les contraintes rigides les plus difficiles à intégrer dans un secteur qui a besoin de souplesse, le COO de SpeedWings cite par exemple l’interdiction des décollages chaque jour entre 12h et 13h30, même si le vol prévu à 11h55 arrive avec 7 minutes de retard. «77% des refus des demandes des passagers sont directement liés au règlement trop restrictif», conclut Samuel Werner. La marge de progression est donc bien réelle. 

AVISTRAT – Adapter les règles aux besoins 

Connu pour son rôle central dans le cadre de l’ouverture de l’aérodrome de Payerne à l’aviation civile notamment, Me Pierre Moreillon, président d’honneur d’AEROSUISSE, s’intéresse aussi au futur. «L’évolution de la demande de mobilité aérienne, les nouvelles technologies et les questions énergétiques, entre autres, appellent des adaptations de l’infrastructure aéronautique et de son exploitation. Ces besoins doivent être pris en compte par le Conseil fédéral qui détient la haute main de la planification dans ce domaine», explique l’avocat. 

Les objectifs de l’ambitieux programme AVISTRAT, réalisé sous la conduite de la Confédération, prévoient que le «système aéronautique anticipe les attentes socio-politiques, soit conçu de manière à ce qu’il puisse être utilisé conformément aux attentes et soit capable d’évoluer de manière dynamique». Encore faut-il que ces attentes socio-politiques soient dûment prises en compte. 

Excellent connaisseur du domaine, Pierre Moreillon identifie plusieurs axes qui permettraient une augmentation de l’efficience générale du système. Dans la lignée des buts d’AVISTRAT, l’avocat souligne non seulement l’importance d’«écouter les besoins des utilisateurs et des bénéficiaires du système pour adapter l’offre aéroportuaire à la demande», mais également celle de la simplification: «réduire la pression normative, simplifier et accélérer le traitement des décisions, adapter le cadre règlementaire aux besoins avérés». 

Justement, pour que les règles du jeu soient en phase avec le terrain où la partie se déroule, le président d’honneur d’AEROSUISSE considère d’autres améliorations souhaitables encore :«Le Plan sectoriel des transports, partie Infrastructure aéronautique (PSIA) est hélas devenu trop rigide. Un assouplissement est souhaitable. L’aviation, qui est à certains égards le parent pauvre de la politique des transports, doit aussi pouvoir gagner en dynamisme dans les instruments de planification des cantons».

Sur la base de son expérience, Pierre Moreillon rappelle les recettes connues du succès des projets complexes. Il importe «d’entendre la réalité du marché et de penser en réseau». Pour conclure sur l’importance du collectif, il note qu’«il faut oublier l’esprit de clocher: chaque aérodrome a ses spécificités et gagne à les faire valoir au sein du réseau qu’il forme avec les autres. Il est souhaitable que de concert avec le tissu socio-économique et ses représentants, le réseau aéroportuaire romand puisse faire d’AVISTRAT-CH un atout pour la Romandie dans son ensemble». 

Sonder les aérodromes pour mieux comprendre les attentes 

En espérant des informations concrètes, la dernière des présentations de la journée était attendue avec impatience, avec la présence de trois experts pour aborder les défis auxquels les aérodromes suisses devront faire face dans les prochaines années et décennies. En premier lieu, Francine Zimmerman, co-responsable de la division stratégie et politique aéronautique de l’OFAC a donné le cadre de l’évolution stratégique en cours de réflexion sur une «période de 10 ans». En rappelant que «l’espace aérien est une ressource rare et limitée», la représentante de l’OFAC a confirmé que le résultat attendu de la nouvelle stratégie est «un système sûr, performant, respectueux de l’environnement et à même de satisfaire les besoins des usagers» 

Pour définir les besoins des usagers, l’OFAC se repose majoritairement sur l’ASA, l’Association Suisse des Aérodromes, dirigée par un ancien du service, Peter Tschümperlin. L’ASA a donc soumis un questionnaire à ses membres leur demandant leurs visions du futur – ses opportunités, ses défis, ses espoirs.  «L’aviation est de plus en plus au centre de l’actualité», constate le président de l’ASA, qui insiste sur le «soutien juridique et financier nécessaire pour continuer à exister et conserver le paysage des aérodromes suisses dans sa forme actuelle». 

Toujours en cours, ce sondage a déjà permis d’identifier quelques tendances communes dans le secteur. Alors que les réponses confirment qu’il n’y «aura pas moins de défis dans l’avenir», les retours concrets s’alignent avec la tendance générale de l’industrie: innover pour limiter les nuisances, d’abord par le carburant durable puis par les nouveaux types de moteurs, tout en restant ouverts aux véhicules d’avenir, autonomes ou à décollage vertical. 

[Dans la 3e partie de cet article, «AVISTRAT –  une intention d’écoute qui reste à concrétiser»,  retrouvez la conclusion d’AERIA+ sur l’intérêt de la démarche de consultation et l’impératif d’élargir cette consultation à tous ceux qui font la prospérité de la Suisse.]

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